À l'orée de Bois de Dralun, où le soleil perçait difficilement la cime de ses rayons et plongeait les sentiers dans les ténèbres mousseux, le facteur attendait avec son sac de courrier à l'épaule et deux autres, un peu plus petit, à ses pieds. Bien que la température était plutôt agréable en cette fin d'hivers, l'homme grisonnant frissonnait périodiquement, frottant ses épaules de ses mains et regardant avec suspicion vers l'intérieur du bois. À chaque fois que le chant d'un oiseau, les picorements d'un pic-bois contre un tronc ou les hurlements des insectes s'élevaient de la forêt, il sursautait en faisant volte-face, prêt à détaler sans rien ajouter dès le danger confirmé. Malgré les ombres oppressantes qui semblait presque pulser entre les arbres, l'air restait en permanence paisible et le facteur retournait à son attente.

Enlevant ses lunettes pour se gratter l'arête du nez, le facteur poussa un long soupir puis attrapa les deux sacs au sol. Regardant droit devant lui pour ne pas se faire infecté par le maléfice qu'il s'imaginait rôder dans les sentiers entre la civilisation et le village sans doute maudit de Dralun au milieu des arbres, il s'avança sur la route de quelques mètres pour ajouter un peu plus de distance entre lui et l'endroit détesté. Où était donc les deux mages qui devait venir compléter cette section de sa route ? L'attente était préférable à s'aventurer de lui même dans la lugubre nature, mais il avait d'autres courriers à livrer dans des endroits moins diaboliques !

« Puuuu Puuuuun ! » s'éleva alors une voix derrière le facteur, une masse de hautes herbes se secouant alors sinistrement.

Le facteur sursauta et plongea vers l'avant, se planquant derrière une roche en poussant un cri d'outre-tombe. Tremblant en tenant son chapeau, il murmura ses prières en attendant sa mort, puis souleva légèrement la visière de sa casquette pour laisser sortir un œil de sa planque. Il écarquilla alors ses yeux, ses prunelles tremblant de terreur en levant son regard sur un horrible monstre ! Ou enfin, un monstre. Bon, un petit être. Devant lui, une sorte de créature blanche se tenait à quatre patte en le regardant de sa tête de bonhomme de neige tremblante, son nez en carotte à quelques centimètres de celui du facteur. La créature se dressa alors sur ses pattes arrières, montant à sa pleine taille d'environs trois pommes et dressa une sucette vers le facteur.

« Puuun. »

Le petit personnage regardait la scène un peu plus loin, un grand monsieur n'était pas content d'être là seul ! Mais cela allait changer, il entendit un bruit, il se demandait si ce n'était pas lui qui avait fait ce fameux "punn pun", mais non, alors le petit être se faufila dans les broussailles pour avoir une meilleure vue. Toujours tremblotant, il regarda puis vit un petit être comme lui, vers le grand monsieur, un facteur.

En faisant un Léger "Pun Punnn", il se rapprocha calmement des deux acolytes, toujours avec sa lettre à la patte donnée par sa maîtresse.

Le facteur était toujours terrorisé par l'autre petit Plue qui lui tendait une sucette. Notre petit être tournait la tête avec de l’incompréhension.

Arrivé au niveau de son binôme, il secoua ses petites pâtes avec l'enveloppe. Pour que le facteur comprenne, qu'il devait le lui prendre et la lire. Cependant, ce fut le contraire, il fut encore plus terrorisé et monta directement sur le gros caillou pour ne pas être au niveau de ses petits êtres pourtant tellement mignons.

Pour que le facteur se détende un peu, le 2e Plue engagea un début de petite danse assez calme pour montrer qu'ils étaient inoffensifs !
Au fur et à mesure du temps, le facteur se détendit calmement. Une fois, que Plue vit que le facteur était détendu, le petit repris son enveloppe et se rapprocha du rocher pour lui tendre la petite enveloppe.

-Punpun pun pupun

Le facteur prit l'enveloppe doucement pour la lire.





En attendant Les Plue tremblaient toujours en attendant de voir la réaction du grand monsieur.

« Puuuuuuuuun? » s'exclama le premier Plue avec confusion et colère en voyant le facteur s'enfuir en grimpant sur une pierre, décidément il ne respectait pas son serment des livreurs du courrier de ne rien laisser entraver sa route. Secouant la sucette tout en tremblant, il fit quelques pas pour rejoindre son homologue et lui ficha la friandise dans la bouche, il ne voulait pas garder pour lui-même un bonbon qu'il avait déjà prévu d'offrir à un autre ! Une fois libéré de son fardeau, il laissa l'autre faire sa danse pour calmer l'humain pendant que lui même se promenait à quatre pattes, reniflant le sol avant de planter son nez pointu dans la terre pour faire des trous, comme s'il cherchait quelques choses.

Une fois la lettre d'introduction remise, le premier Plue tira son nez hors de la terre, se secouant comme un chien mouillé mais uniquement au niveau de la tête alors que le reste de son corps restait immobile, à l'exception bien sûr de ses frissons constant. Une fois satisfait qu'il n'y avait plus de terre collée à son pelage(?), l'esprit stellaire vint se poster au côté du deuxième Plue, se dressant sur ses pattes arrières et levant le nez vers l'humain.

Ce dernier termina de lire la lettre, dressa un œil au dessus du papier pour contempler les deux Plues, se cacha à nouveau le visage derrière la missive en lisant de plus proche. Il enleva alors ses lunettes pour les essuyer avec un mince chiffon puis les remis, regarda la lettre et les Plues. Il enleva à nouveau ses lunettes, glissant une des arêtes dans sa poche de poitrine pour les ranger, se pinça le nez puis regarda à nouveau la lettre, les Plues et maintenant aussi les deux sacs de livraison. Bien sûr, le village n'était pas si peuplé que la livraison du courrier était énorme, mais il n'y avait pas fait sa ronde depuis longtemps et le courrier s'était accumulé énormément, les deux sacs étaient gonflé à bloc, débordant de paquets et d'enveloppes, chacun aussi grand que les esprits stellaires ou presque.

Le facteur soupira longuement, puis indiqua les sacs au deux Plues en déclarant que ce n'était plus de son ressort puisque la mission avait été acceptée en bonne et dû forme par des magiciennes de guilde certifiées, il n'était donc plus responsable pour le courrier maintenant. Il commença alors à s'éloigner d'un pas rapide de la forêt si effrayante, mais il se retourna après quelques mètres, curieux de voir comment les Plues allait s'y prendre.

Le premier Plue s'approcha d'un des sacs en tremblant, le tapotant du bout de son nez pointu avec curiosité. Hochant de sa grosse tête, il fit le tour du sac puis glissa ses petits bras sous les bretelles jusqu'à ce qu'elles reposent sur ses épaules. « Puuun ! » il s'exclama d'une voix éreintée par l'effort, n'avançant que de quelques centimètres en tirant le sac contre le sol, traçant un sillon dans la terre. Avec un autre cri de guerre, il se pencha vers l'avant pour force le sac à se soulever du sol puis repris son avancée. Trente centimètres plus tard, il bascula soudainement sur le côté puis se retrouva adossé sur le sac au sol, comme une tortue ayant tombée sur sa carapace.

« PUUUUUUUUUUUUUN ! »

« Pun puuun » s'écria le Plue en secouant ses pattes dans les airs inutilement, se balançant au sommet du sac, son poids trop léger pour même juste faire sourciller le sac, ses pattes trop courtes pour rejoindre quoi que ce soit et les sangles trop serrée pour qu'il puisse se glisser hors de leurs emprise. Heureusement, l'autre Plue vint rapidement à son secours, le tirant et donnant juste assez d'effort pour que le premier produise un effet de ballant, faisant tournant le sac sur le côté. Emporté par son élan, le sac semblait bien prêt à continuer de rouler sur lui même, le poids du Plue insuffisant pour l'arrêter, mais ce dernier eu une brillante idée, plantant accidentellement son nez dans le sol, stoppant net la rotation du sac, bien qu'il menaça de chavirer à nouveau avant de se stabiliser au dessus du Plue.

Plue, le nez dans le troue et les pattes gigotant inutilement, tentait de pousser le sol pour se redresser, son petit corps tremblant sous le sac qui restait complètement immobile. Grognant, si tant était possible pour l'esprit stellaire de produire ce genre de son, Plue n'arrivait pas à trouver la force de soulever son fardeau postier, son corps complètement cloué au sol sous le poids du sac. Il parvint cependant à extirper sa tête du sol, du terreau glissant en miette de son nez alors qu'il regardait devant lui. Plus loin, un escargot l'observait faire, secouant ses cornes et clignant des yeux avant de lui tourner dos et commencer à s'éloigner lentement, laissant une coulée de bave derrière lui.

Inspiré et sommé de le poursuivre par son esprit canin, Plue donna un grand coup d'épaule, étirant son cou au maximum en réalisant que sa tête était libre de mouvement. Tant bien que mal, il parvint à planter son nez pointu un peu plus loin dans la terre meuble, parvenant à se déloger juste assez pour s'avancer de quelques millimètres tout en traînant le sac comme une coquille sur son dos. Motivé par ce succès initial, Plue répéta l'opération, tournant des bras comme des moulinets et brassant ses pattes arrières, un peu comme s'il nageait. Se déplaçant ainsi, il jeta un coup d'œil à l'escargot qu'il poursuivait, découvrant que ce dernier creusait l'écart en se déplaçant aisément au triple de sa vitesse, mais il ne lâcha pas prise aussi rapidement.

Après plusieurs minutes et bien moins de distance, Plue s'affala au sol, haletant et tremblant encore plus que de norme sous l'effort. Même lui commençait à douter de ses chances de succès une fois la forêt atteinte, le sol couvert de pierre et racine risquait d'être bien plus coriace que celui de la plaine. Prenant cette petite pause pour récupérer, le Plue tourna la tête sur le côté pour observer la méthode de son confrère.